L’intelligence artificielle (IA) est en passe de devenir un moteur clé de transformation économique à l’échelle mondiale, et l’Afrique ne fait pas exception. Une récente étude publiée par PwC projette que l’IA pourrait stimuler la production économique mondiale de jusqu’à 15 %, et jusqu’à 4,9 % pour l’Afrique, d’ici à 2035. Ces chiffres traduisent un potentiel de croissance équivalent à celui observé lors de l’industrialisation au XIXe siècle.
Une croissance conditionnée par la confiance et la gouvernance
Intitulée Value in Motion, l’analyse de PwC met toutefois en garde : cette croissance n’est pas automatique. Elle repose sur trois piliers fondamentaux : une adoption responsable de l’IA, des politiques de gouvernance claires, et un climat de confiance entre les parties prenantes – citoyens, entreprises et institutions.
En l’absence de ces conditions, les projections sont revues à la baisse. Dans un scénario de faible coopération mondiale, l’impact de l’IA sur l’économie globale pourrait être limité à 8 %, voire à seulement 1 % dans les hypothèses les plus pessimistes.
Une reconfiguration profonde des secteurs économiques
L’Afrique est déjà engagée dans une mutation structurelle rapide. L’étude note que dans six secteurs sur neuf analysés sur le continent, les entreprises font face à une pression inédite pour se réinventer. D’ici 2025, plus de 150 milliards de dollars de revenus pourraient être redistribués à travers de nouveaux modèles économiques, indépendamment des évolutions géopolitiques ou des barrières commerciales.
PwC prévoit que les prochaines années verront l’émergence de « domaines économiques hybrides », transcendant les lignes traditionnelles entre industries. À titre d’exemple, le secteur de la mobilité électrique rassemble aujourd’hui des acteurs de l’énergie, des technologies, de la logistique et de la fabrication dans une logique de convergence orientée vers la création de valeur.
Miser sur l’innovation et les besoins humains
Pour Dion Shango, PDG de PwC Afrique, les entreprises qui réussiront demain seront celles capables de dépasser les silos sectoriels et d’anticiper les évolutions des besoins des consommateurs. L’IA, couplée à d’autres technologies, jouera un rôle central dans cette transformation.
« Les organisations qui sauront relier les points entre les industries, tout en mettant la technologie au service de l’humain, seront les mieux positionnées pour générer de la croissance durable », affirme-t-il.
Une croissance sous contrainte climatique
L’étude souligne également que les bénéfices économiques potentiels de l’IA devront être évalués à l’aune des défis environnementaux. Les impacts physiques liés au changement climatique pourraient, à eux seuls, réduire le PIB africain de plus de 12 % d’ici 2035, selon les modèles de PwC.
L’un des enjeux majeurs sera donc la consommation énergétique des infrastructures d’IA, notamment des centres de données. Toutefois, une utilisation stratégique de l’IA pour optimiser l’efficacité énergétique pourrait contrebalancer cette hausse. PwC estime que des gains même modestes en efficience énergétique pourraient suffire à neutraliser l’impact environnemental de l’expansion de l’IA.
Conclusion : L’intelligence artificielle représente une formidable opportunité pour les économies africaines, à condition de s’y engager avec vision, responsabilité et anticipation des risques. Le défi est de taille, mais les gains potentiels pourraient bien redéfinir l’avenir du continent.